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Photo du rédacteurFlorent Ales

Journal de bord jours 3-4-5 :


Jour 3 :


8 h 30 : aujourd’hui avec Guillaume nous devons être au golf avant 11 h pour pouvoir jouer. Après quoi, les départs seront interrompus pour que les équipes de jardiniers entretiennent le terrain.


Nous comptons bien jouer 18 trous cette fois ci donc après le petit-déjeuner on veut partir direct ! Le rendez-vous avec Ian, Dennis, Derrick et Dan le caddie de Guigui est prévu entre 9 et 10 h


Sauf que…


10 h 10 : Sam débarque presque en drift à l’hôtel, sort de sa voiture prestement et, suant, nous demande pardon pour son retard. Il sait que cela fait une heure qu’on l’attend. Mais nous le rassurons très rapidement, ce n’est pas grave. Il nous explique malgré tout, gêné, la raison de son retard. Le chemin habituel pour venir à l’hôtel était complètement bouché. Il a dû faire un immense détour pour éviter tout le tumulte et arriver. Quand il apprend que nous devons arriver au golf avant 11 h, son visage se ferme. Les 4 kilomètres qui nous séparent du golf sont bien plus lointains que la veille.

Pour donner un ordre d’idée de la circulation ici, en tapant sur Google map l’adresse de l’hôtel pour aller en direction du golf, on nous informe qu’il faut 8 min. La veille dans une circulation plutôt très bonne nous en avions mis 15. La, nous en sommes déjà à 10, à l’arrêt depuis 5 bonnes minutes.


10 h 35 : on recommence à bouger !


10 h 39 : on roule ! Vite d’ailleurs ! Sam nous démontre ses talents de pilote ! Son visage se détend.


10 h 46 : nous voilà au golf ! Comme la veille nous retrouvons Ian et Denis, c’est à notre tour de nous excuser. Passage éclair à l’office qui nous annonce qu’on peut en réalité prendre le départ jusqu’à 14 h ! Tout ce stress pour rien !

11 h : départ du 1, le soleil chauffe fort aujourd’hui, il n’y a que très peu de nuages, l’air reste assez frais, mais les rayons brûlent. S’ensuit alors une partie très sympa que j’aurais comme la veille l’occasion de filmer partiellement. Durant cette partie, sous forme de match play 2 contre 2. (Denis et Guillaume contre Ian et moi) Nous jouions particulièrement bien par rapport à la veille. L'altitude, l’herbe, l’atmosphère, le tracé aussi. Tout nous semblais beaucoup plus familier. En prime, au trou numéro 9, Guillaume nous gratifiait du plus beau par filmé de l’histoire du golf ! Impossible à résumer en quelques phrases, mais pour faire simple ça ressemblait à : socket, route, camion, trottoir, arbre, rough, green, putt.






13 h 30 : ça y est nous attaquons la partie de parcours que nous ne connaissons pas. Car du 12 au 18, le parcours ne ressemble plus du tout à l’aller. On délaisse la vallée tropicale pour des vallons et de sévères dévers. Le trou n°12 est le trou le plus dur du parcours. Un par 4 de 430 m avec toute la terrasse du club house derrière. Des arbres étouffants sur plus de 100 m. À la retombée du drive, 30 m de fairways avec à gauche un étang, un canal à droite qui ensuite traverse le fairway en biais devant le green. Le green justement, protégé par un profond bunker devant et l’eau à gauche, est minuscule, ferme et bombé ! Un par compte comme un birdie sur ce par 4. Dans la foulée, on retrouve un par 5 facile avant d’affronter une fin de parcours vraiment piégeuse avec trois pars 4 (15, 16 et 18) très étroits et techniques. En l’occurrence, il faudra même être chanceux sur ceux-ci pour être tout à fait honnête.






16 h : nous gagnons 2up avec Ian après cette belle partie qui m’aura fait prendre conscience du rythme très particulier de ce terrain. Avec 4 pars 5 sur les 8 premiers trous, l’architecte vous oblige à être dedans directement ! Un début de partie moyen peut vous coûter beaucoup de points par rapport aux joueurs qui seront dans leur jeu dès le début. Les départs en mode diesel sont donc bannis !

Ensuite, le parcours devient de plus en plus compliqué au fil des trous, les bogeys viennent très rapidement sans forcément mal jouer alors que les birdies se font de plus en plus rares. Le parcours vous étouffe au fur et à mesure de la partie.

Pour résumer, il faudra bien jouer au début pour grappiller des points, pour ensuite super bien jouer pour ne pas en perdre. Autrement dit, c’est un parcours ultra exigeant mentalement. On se repose rarement parce qu’avec 5 par 5, 5 par 3 et quelques longs par 4, on ne joue presque que des longue cannes toute la partie. Sur les greens, l’herbe irrégulière et leur forme très bombée peuvent vite rendre fou.

Un gros combat nous attend pour le tournoi.



JOUR 4 : Aujourd’hui, journée pépère, petit neuf trous le soir en mode détente vlog. J’ai joué comme une merde, mais qu’importe, je me suis marré. On joue toujours entourés d’une troupe de caddies et de curieux. On parle avec tout le monde, les gens nous aiment bien. On commence à connaître un peu les joueurs de cette partie de l’Afrique. Dans notre partie, il y avait un Ougandais ancien tennisman pro qui a même participé à la coupe Davis !




Entre le 6 et le 7, j’ai mis un son de Bobi Wine avec mon enceinte. Ian et Dennis ont bien aimé. Bobi Wine est un chanteur très populaire en Ouganda, mais il est aussi et désormais le principal opposant au président Yoweri Musevini, depuis plus de 25 ans au pouvoir. Je demande à Denis de me traduire cette chanson nommée « Kampala » que j’adore, mais dont je n’ai pas trouvé la traduction sur Internet. Elle parle de la dureté de la vie dans la capitale, du pouvoir en place qui maintient la population avec les armes, etc. On en profite pour discuter politique et Ian m’explique qu’il s’habille en jaune au golf (la couleur du parti au pouvoir) parce que beaucoup de hauts dirigeants passent souvent au golf. Mais qu’en réalité, il espère que Bobbi Wine sera élu. Même s'il sait très bien que les élections seront truquées. Il me dit aussi qu’une fois dans la rue, il l’enlèvera pour ne pas se faire lyncher et tuer par ses pairs. Dans la rue, le jaune est banni. Au golf, il est le bienvenu. À la fin de la partie, nous demandons à Ian et Denis de nous suivre à l’écart des autres caddies. Nous leur offrons les clubs que j’avais récoltés lors de mon opération de l’année dernière. Ils ont l’équivalent de plusieurs années de salaires entre les mains ! Surpris, mais très heureux, ils nous remercient, gênés qu’on leur donne autant. Ils ont pour mission de distribuer quelques clubs à leurs amis. J’informerai notamment Derick pour que Ian lui donne un driver, un putter et un wedge, qu’il puisse s’entraîner et jouer chaque semaine et pas une fois sur deux. Avec Guillaume, on sait que ces clubs attirent la convoitise, car certains d’entre eux sont meilleurs que ceux utilisés par certains pros locaux. Le salaire d’un caddie pour une partie est de 1,5 €. Un des clubs coûte presque 300 euros en Europe, il aurait coûté 500 ici. Un seul club ! Imaginez le trésor que représentent ces objets. Même le pro-shop n’en propose pas autant. En partant je les aperçoient au loin regarder le sac et tous les clubs qui le compose, avec deux de leurs amis. Ils les prennent, les observent sous tous les angles, testent leurs rigidités, prennent les grips en main.

Le golf vaincra !


En rentrant le soir en taxi, nous mettons 1 h 40 pour rentrer à l’hôtel, un record pour faire 4 km ! On ressent une atmosphère particulière, une agitation plus importante que les autres jours. Sam nous explique qu’aujourd’hui, deux hommes habillés en policier ont tenté de tuer Bobi Wine et ont blessé deux des membres de son équipe de campagne au visage en mitraillant sa voiture. Il vient de stopper sa campagne alors qu’il devait se rendre à un meeting. Demain, il doit convoquer une commission pour la questionner sur ces agissements.

JOUR 5 : Comme la veille nous décidons de ne jouer que 9 trous aujourd’hui. Ceux du retour, plus difficiles.

Avant la partie nous nous entraînons un peu au green d'approche avec nos caddies, on passe un bon moment et Dan s'amuse même a reproduire l'un des exercices de ma chaîne YouTube "War of golf", qu'il a vu sur internet la veille au soir.



Sur la route en allant au golf, à l’un des carrefours principaux de la ville, nous avons croisé de très nombreux policiers et militaires, presque une centaine, tous armés de AK 47, toute les quelques minutes d’ailleurs nous croisons des camions de l'armée au bruit de sirène caractéristique. Un bruit sourd, rapide, comme un genre de mitraillette de l’espace qu’on étouferrait. Un truc vraiment flippant ! Leur vitesse et leur taille impressionnante impose à tout le monde de s’écarter.

Entre les milices armées, les policiers et les militaires. On commence à se dire qu’on croise de plus en plus d’armes depuis qu’on est arrivés.

Quelques jours avant notre venue, des combats sanglants tuant plus de 50 personnes en deux jours avaient eu lieu. L’emprisonnement de Bobi Wine avait enflammé les bidonvilles. La population, prise entre les vols, les attaques des voyous et le feu autoritaire des forces policières, devenait la première victime de ces élections. Des dizaines d’innocents mourraient. La peur était instaurée. Le soir avec Guillaume nous organisons notre stratégie pour le tournoi. Car malgré ce contexte tendu, il nous tarde de nous frotter à ce parcours !

La ville est beaucoup plus bruyante que les autres soirs. L’atmosphère est électrique et d'ailleurs, le fil électrique au dessus de nos têtes commence fait des étincelles.

Il prend feu !

Mais bien heureusement il s'éteint rapidement, on peut dormir tranquille.

Demain le combat commence.



Florent Alès









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